"Nous apprenons qu’une apparition, si simple soit-elle (...) exige la mise en œuvre de toute une dramaturgie : il faut une lettre au moins, soit un trésor symbolique, mais capable de disparaître un temps, noyé, toujours là néanmoins, dans le milieu matériel de l’apparition ; il faut un bol, pour que l’apparition s’appuie sur quelque chose, trouve son cadre et ne se disperse pas à vau-l’eau ; il faut un lait, en tout cas un véhicule et un « liant » de l’apparition ; il faut un rai, c’est-à-dire une lumière qui rende tout cela visible, fût-ce pour un bref moment ; et, enfin, il faut un tact, c’est-à-dire un acte corporel capable, comme on l’a vu dans ce film, de bouleverser la surface des choses et de rendre au fond sa puissance d’affleurer sous nos yeux, fût-ce en y faisant tache. Philosophiquement, on pourrait dire qu’à toute apparition il faut sans doute un langage que l’on puisse interloquer sans l’oublier pour autant ; un fond qui s’ouvre soudain ; un milieu matériel qui s’impose alors ; une condition de visibilité pour tout cela ; et, enfin, un corps qui agit, qui se meut, qui fait l’expérience d’une telle apparition. (...) Michelet ne dit pas seulement « lait premier », « lait heureux » (...) il se risque à un formidable montage : laitregard. Il laisse flotter son regard sur un tableau de lactation aperçu dans les galeries du Louvre — c’est La Vierge au coussin vert d’Andrea Solario." (Georges Didi-Huberman à propos d'une œuvre de l'artiste Sarkis, article en entier ici )

Deux jeunes diplômés en photographie (école nationale supérieure des arts décoratifs et école nationale supérieure de photographie d'Arles) proposent des variations autour de formes vivantes, visuelles, mais aussi à travers des performances crues ou cuites, cyanotypes et autres procédés de révélations photographiques. Ces objets constituent des tentatives d'expérimenter la vie même.

Numéro 18 : 10 rue des marbriers

Avec Thomas Vauthier et Fanny Terno